L'HEURE N'EST PLUS au couvre-feu. Depuis hier soir minuit, à Colombes (Hauts-de-Seine), comme à Franconville (Val-d'Oise), l'arrêté municipal mis en place le 15 juillet dernier par les maires des deux communes, Nicole Goueta (RPF) et Francis Delattre (DL), qui interdisait aux mineurs de moins de 13 ans « non accompagnés d'une personne majeure » d'errer de 23 heures à 6 heures dans certains quartiers sensibles de la ville n'est plus effectif. « C'est le bonheur, commente Morade, 12 ans, résidant du quartier des Grèves à Colombes. Même si cette loi n'a pas vraiment changé nos habitudes, on se sent plus libres dans la tête. Comme à la maison, y'a rien à faire, on est mieux dehors avec les copains. » Au terme de deux mois d'application, l'utilité du « couvre-feu » est-elle démontrée ? Les ados le disent : « L'arrêté, on s'en foutait. » « C'est vrai que le bilan est médiocre, reconnaît Olivier Camps-Vaquer, adjoint au maire chargé de la sécurité à Colombes. Aucun mineur n'a été raccompagné à son domicile. Mais cette mesure a eu au moins le mérite de souligner qu'il existe aujourd'hui une enfance en danger et que personne ne s'en occupe. Il faut dire que l'Etat et la police nationale ne se sont guère empressés de faire respecter l'arrêté. L'idéal aurait été d'avoir les moyens, une police municipale par exemple, de faire appliquer cette mesure. » Une polémique entre l'Etat et les maires qui ne date pas d'aujourd'hui. Le 31 juillet dernier, le préfet des Hauts-de-Seine, Jean-Marc Rebière, avait attaqué devant le tribunal administratif l'arrêté municipal de Colombes. « Je ne suis pas là pour juger les élus, commente le représentant de l'Etat, débouté par la justice. Mais cet arrêté municipal n'apportait juridiquement pas de moyens supplémentaires. La protection des mineurs de moins de 13 ans est l'une des missions de la police nationale. » Au commissariat de Colombes, on affirme d'ailleurs « ne pas avoir attaché une vigilance particulière à cet arrêté ». « Nous avons ramené quelques enfants de moins de 13 ans à leur domicile parce qu'ils erraient sur la voie publique, précise le commissaire Hours. Mais cela n'entrait pas dans le cadre du couvre-feu. Ce genre d'intervention se pratique sans arrêté et cela toute l'année. » Alors quel avenir pour le couvre-feu ? « L'idée de reconduire cette mesure sur la ville n'est pas exclue, annonce-t-on en mairie. Car il n'est pas normal que, dans la cité des Grèves notamment, où règne une mafia de la drogue et de la délinquance, personne, y compris la police, ne puisse pénétrer. Un véritable danger pour les mineurs. »