INTERACTIF. A Colombes, inscriptions en chute libre pour le périscolaire payant
||16 janvier 2017, 17h54 | MAJ : 16 janvier 2017, 17h55
Les inégalités se creusent-elles dans les écoles de Colombes ? Après deux années de gratuité, les temps d’activités périscolaires (TAP), organisés le vendredi après-midi, sont payants depuis la rentrée de septembre dernier. Le prix, le plus élevé du département, varie en fonction du quotient familial et représente entre 3 et 7 € par enfant et par demi-journée. « Nous avons besoin de nous y retrouver », justifie la mairie (LR). Mais la pilule passe mal auprès des parents d’élèves. Et la fréquentation est en chute libre.
Au total, un peu plus de la moitié des élèves colombiens (55,18 %) étaient inscrits au TAP au premier trimestre, soit 5 262 élèves sur les 9 536 que compte la ville. Un pourcentage qui tombe à 46,46 % au deuxième trimestre. « L’érosion a lieu depuis deux ans déjà, se défend la mairie. En rassemblant les activités le vendredi après-midi, les parents se sont adaptés et peuvent garder eux-mêmes leur enfant ». Selon les chiffres de la mairie, le nombre d’inscrits est passé de 7 138 pour la première année, à 6 295 enfants en 2015-2016.
« Il faut être réaliste, ici nous n’avons pas d’argent »
Sauf qu’ils varient selon quartiers. Et les écoles où le nombre d’inscrits est le plus faible sont toutes dans les quartiers populaires du Petit-Colombes ou aux Fossés-Jean, « là où pourtant les enfants en ont le plus besoin » assure Abdel Mesbahi, responsable local de la FCPE. Aux écoles élémentaires et maternelle Charles Peguy, situées au cœur du quartier Petit-Colombes, sur les 638 élèves, seuls 163 (!) participent aux TAP. « Depuis que c’est payant, nous avons moitié moins d’élèves. Dans une zone d’éducation prioritaire, cela m’interpelle beaucoup » soupire Emmanuel Chauveau, le directeur de l’école… « Que les directeurs d’école s’occupent du temps scolaire et de l’apprentissage, et laissent la mairie s’occuper des TAP, rétorque-t-on au cabinet du maire. Que chacun reste dans son rôle. »
Venue déposer ses deux enfants, Nadia est perplexe. Même fataliste. « Comment voulez-vous que l’on fasse ? Il faut être réaliste, ici nous n’avons pas d’argent », soupire-t-elle. Femme au foyer elle a préféré inscrire ses enfants à des cours de dessin et d’athlétisme en dehors de l’école, comme son amie Fatima qui a choisi des cours de danse et de théâtre pour sa fille. « Il faut voir les activités qui sont proposées. C’est de la garderie. S’il faut payer, je préfère payer quelque chose qui vaut vraiment le coup », lance-t-elle. Bien qu’elle trouve cela « scandaleux », Sandrine, poussette à la main, n’a pas eu d’autre choix que d’inscrire son fils, élève en CE1. « Je travaille, et je n’ai pas d’autre moyen pour le garder ».
Certains parents d’élèves ne baissent pas les bras et comptent faire plier la mairie. Un collectif « Pour défendre l’école à Colombes », mené par Abdel Mesbahi, compte attaquer la mairie au tribunal administratif. Des collectes ont été menées à la sortie des écoles et sur Internet pour récupérer les quelque 2 000€ de frais. « Le dossier est entre les mains de notre avocat, qui va bientôt passer à l’action, promet Adbel Mesbahi. C’est clair qu’il y a une discrimination vis-à-vis des familles ».
Lionel FAUBEAU
Président de l'association lecolombesquejaime
Le Blog Citoyen de Colombes
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