En 2015, Affif avait été séquestré et torturé par ses agresseurs dans une cave de Colombes.
Il y a deux ans, il a vécu l’horreur. Une nuit passée à être roué de coups et humilié dans la cave d’un pavillon à Colombes. Ce mardi, Affif a dû, de nouveau, faire face à ses bourreaux, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Jusqu’à vendredi, quatre hommes y sont jugés pour séquestration, torture et actes de barbarie.
Ce 21 janvier 2015, après une soirée arrosée chez lui, Affif s’endort dans son lit avec Jimmy, l’un des principaux accusés - qui n’avait jusqu’ici aucun précédent avec la justice. Un autre ami s’endort sur une chaise. Pendant son sommeil, le premier se rapproche du deuxième et l’enlace d’un bras et d’une jambe. Au réveil, Jimmy s’énerve et frappe son hôte. L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Sauf que trois jours plus tard, les deux hommes se croisent dans un supermarché de Colombes. Jimmy, alors âgé de 19 ans, donne rendez-vous à celui qui aurait, selon lui, eu un geste déplacé. La soirée dégénère. Affif, 29 ans, est emmené de force dans la cave d’un pavillon par Jimmy et son beau-frère.
La scène est filmée avec un portable
Là, il est ligoté, frappé à coups de poing et de pied mais aussi de batte de base-ball, de câble électrique et de lame de scie… Ses agresseurs l’obligent à se déshabiller et à se laver à l’eau froide, tout en l’agonisant d’insultes clairement liées à sa prétendue homosexualité. «Il est contraint de lire à une trentaine de reprises un texte dans lequel il dit qu’il est un violeur», poursuit le président, résumant le contenu de l’ordonnance de mise en accusation.
La scène est filmée avec un portable. Deux autres personnes, un cousin éloigné de Jimmy et sa demi-sœur, également accusés, assistent à une partie des sévices. Tous ont reconnu une grande partie des faits lors de l’enquête. La victime sera libérée le lendemain matin, dans un état épouvantable.
A la barre, les enquêteurs de personnalité se succèdent. Les discussions se concentrent principalement sur la relation entre Jimmy et sa demi-sœur, avec laquelle il a grandi. Et leur parcours chaotique. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont brinquebalés de logement en logement. Les différents compagnons de leur mère sont souvent violents avec elle. Parfois même avec Jimmy.
Une autre sœur, appelée à témoigner ce mardi, a la chance d’être hébergée par une voisine et de mener « une vie plus stable ». «J’ai eu une meilleure enfance qu’eux, lâche-t-elle, émue. Je n’aimais pas aller chez ma mère, ça criait tout le temps. Si ça se trouve aujourd’hui, si j’avais eu la même enfance qu’eux, je serai moi aussi derrière la vitre…» Les accusés encourent la prison à perpétuité. Le verdict doit être rendu vendredi.